Les étiquettes générationnelles – en avons-nous besoin ?

Auteur : Université technique de Kosice | Photo : par Sharon McCutcheon de pexels.com

Milléniaux, Génération Z, Baby-Boomers… chaque génération a son nom et est censée être définie par ses caractéristiques en fonction de l’année de naissance. Vous avez peut-être entendu dire que les baby-boomers sont des bourreaux de travail au moral d’acier et que les milléniaux peuvent faire de la magie avec la technologie mais sont quelque peu paresseux. Mais ces étiquettes ne font-elles pas plus de mal que de bien ?

La pratique consistant à nommer les générations remonte au 19e siècle. Le spécialiste des sciences sociales Philip Cohen affirme qu’il n’existe aucune preuve empirique de l’imposition des traits de caractère qui sont censés définir une génération spécifique.

Qui plus est, il s’agit plutôt de stéréotypes générationnels que de faits. Le principal problème est que la génération est trop large.

Vous pouvez avoir deux personnes d’une même génération nées à deux extrémités opposées de cette période et leurs expériences et donc leurs caractéristiques peuvent être différentes. Cohen soulève un point valable en expliquant cet exemple : les sœurs Williams, championnes de tennis, ont une génération d’écart [1]. Venus, née en 1980, fait partie de la « génération X » ; Serena, née en 1981, fait partie des « milléniaux ». Par ailleurs, Donald Trump et Michelle Obama appartiennent tous deux à la même génération. Le premier est né en 1946 tandis que la seconde est née en 1964, ce qui fait d’eux deux des « baby-boomers » [2], même si près de 20 ans les séparent.

Mais il ne faut pas se tromper. Cohen et ses collègues scientifiques n’essaient pas de dire que tout le concept de génération est faux. Non, les générations sont l’une des nombreuses lentilles analytiques utilisées par les chercheurs pour comprendre les changements sociétaux et les différences entre les groupes. Bien que l’analyse générationnelle ait ses limites, elle peut être un outil utile pour comprendre les tendances démographiques et l’évolution des attitudes du public. Ils proposent simplement que les circonstances extérieures, la situation mondiale et les événements historiques sont beaucoup plus susceptibles d’influencer les caractéristiques typiques d’un groupe de personnes que l’année de leur naissance.

De plus, il ne faut pas oublier que la personnalité d’un individu joue un rôle crucial lorsqu’il s’agit de traits de caractère et que l’on peut trouver des Boomers plus à l’aise avec la technologie que certains membres de la génération Z. C’est parce que chaque génération est diverse et qu’il ne faut pas faire de généralisations sur des lignes arbitraires entre années de naissance et attributs.

Alors quelle solution proposent-ils ? Il existe de nombreuses options à utiliser à la place de ces « étiquettes » générationnelles. Nous pouvons simplement décrire les personnes par la décennie de leur naissance, ce qui réduirait la période et refléterait plus précisément les circonstances historiques. Ou nous pouvons définir des cohortes spécifiquement liées à une question particulière – comme les écoliers de 2020. Quelle que soit la solution choisie, nous devons toujours garder à l’esprit qu’une personne est toujours un individu authentique, quelle que soit la cohorte d’âge à laquelle elle appartient. Les opinions de l’auteur sont les siennes et ne reflètent pas nécessairement celles du Consortium.


[1] Pew Research Centre: https://www.pewresearch.org/st_18-02-27_generations_defined/

[2] P.N. Cohen: Opinion: Generation labels mean nothing. It´s time to retire them: https://www.washingtonpost.com/opinions/2021/07/07/generation-labels-mean-nothing-retire-them/